« Quiproquo » : Méprise par laquelle une personne, une chose est prise pour une autre.

« Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »

C’est une succession de quiproquos invraisemblables qui me conduisent aujourd’hui à écrire cette histoire et à vouloir la partager.

Cinq  ans plus tôt :

Je suis architecte paysagiste, j’ai 38 ans au moment de ces premiers faits et j’avais rendez-vous avec une cliente qui m’avait appelé quelques jours auparavant me faisant part de son souhait de refaire son jardin. J’exerce en Bretagne et à l’époque je n’avais pas ce merveilleux système de GPS grâce auquel on ne se perd plus (ou presque) et qui vous conduit d’un ton didactique vers votre destination.

J’étais sur la route pour Saint Philibert et je m’aperçois bien rapidement que je n’ai rien compris aux explications de cette dame. Je l’appelle et lui dis que je suis perdue dans le lotissement des oiseleurs. Elle m’indique de nouveau très mal l’itinéraire et me dit qu’elle sort de chez elle pour me faire signe.

Je tourne et vire encore un petit quart d’heure dans ce dédale de ruelles et soudain je me retrouve devant une femme m’indiquant du doigt d’aller me garer un peu plus loin sur un petit parking.

Je m’exécute et la rejoins sur le pas de l’entrée. Elle me dit d’un ton que je qualifierai aujourd’hui de péremptoire (et qui explique que je n’ai pas prêté attention à l’incongruité de la situation) de la suivre et de m’installer dans la pièce de gauche.

Je rentre ; attends ; fini par m’assoir et me relève brusquement quelques minutes après,  à son entrée. Je suis en train de me demander pourquoi je suis si loin du salon dans lequel on m’accueille habituellement, de me dire que je ne vois rien de son jardin d’où je me trouve et que cette pendule au plafond, cette décoration  surannée me font penser que je ne suis pas à ma place.

C’est  cet instant précis qu’elle choisit pour me dire après une longue respiration digne de Jacques Mayol : « alors dîtes moi ce qui vous amène » ?

Là je n’y comprends plus rien ;  enfin si,  que je ne suis pas chez la bonne personne, qu’il y a bel et bien méprise. Je me redresse (ah oui j’ai oublié de vous dire qu’entre temps je m’étais rassise, elle était vraiment très  longue sa respiration) et comme piquée au vif je lui dis que je me suis sans doute trompée, que je suis là pour un jardin, l’histoire de la dame qui m’attend devant chez elle parce que je me suis perdue etc… Elle me dit de sortir qu’elle attend quelqu’un de désorientée, que c’est regrettable et qu’il ne faut pas que je traîne. Je ne demande pas mon reste car le climat, en plus d’être Kafkaïen,  est sordide. Ca sent l’artichaut qui cuit dans la cuisine quand je passe devant, le couloir est sombre et le papier peint n’est  franchement pas de première jeunesse. Non mais c’est quoi cette histoire ?! C’est une bonne femme qui se prend pour une psy, une diseuse de bonne aventure des temps pas très modernes ou quoi ?

Et là ! sur le point de quitter cette baraque et de me dire que je n’ai pas encore trouvée ma  cliente qui doit m’attendre depuis 30mns, elle m’attrape le bras et me dit « quand vous serrez dans le métro, ne décrochez pas ».

Je ne vous cache pas que d’habitude je ne suis pas contre un peu d’exotisme et je n’ai rien contre les gens légèrement  farfelus mais là tout de suite je l’ai prise pour une cinglée complète, peut-être l’enfant de Guy Georges et Hélène Jegado (l’empoisonneuse Bretonne). Je n’ai rien répondu. Elle a vu de moi deux yeux ronds comme des coupelles et puis mon dos.