« Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »
1ère partie.
J’ai toujours eu tendance à exagérer tout ce qui m’arrive ou fantasmer tout ce que j’entreprends.
C’est ainsi, je ni peux rien.
Ma famille a d’ailleurs, pour habitude de me demander si je vais encore passer par Marseille pour raconter l’histoire “hallucinante” qui m’est arrivée dans la journée.
Elle me réjouit pourtant, cette idée qu’il m’arrive des choses folles, que des aventures extraordinaires m’attendent dés le lendemain.
Tous mes projets je les mène ainsi, avec cet enthousiasme débordant et ce sentiment d’être investie d’une mission unique.
Ayant toujours besoin de savoir pourquoi j’entreprends tel travail, pourquoi je prends telle voie, j’opte pour telle orientation de projet, j’ai pris l’habitude de démarrer systématiquement mes études par ces recherches qui n’appartiennent qu’à moi.
Je fouille, je farfouille dans l’histoire de la commune, le nom de la rue, l’histoire de la parcelle et je finis toujours par trouver une histoire passionnante, base de mon argumentaire et justifiant mon propos.
Vous me voyez arriver ? Début d’une chronique abracadabrantesque qui n’a pas de fin ? Et bien non. La stricte vérité toute nue, sans ambages ni fioritures cette fois, promis !
L’histoire :
Je vous parle de cet épisode de ma vie, encore frais dans ma mémoire, mais qui s’est passé au début de ma carrière (on dit carrière quand on a finalement pas fait grand-chose de ses dix doigts ? Bref). Le temps où Clémentine et mes enfants étaient à quatre pattes, où Christophe arpentait encore les salons, où Damien et Vanessa n’organisaient pas de dîners honteusement truqués, où les tours jumelles étaient la fierté des USA, où Marc était en uniforme (la classe !!!!), où Bertrand nous faisait des amabilités. Enfin vous l’aurez compris un temps bel et bien révolu !
J’étais sur le projet d’une usine qui devait s’étendre à l’orée d’un bois.
Comme d’habitude donc je me plonge dans la généalogie du propriétaire, la signification du nom du lieu dit, le récit de quelques évènements survenus pendant la seconde guerre mondiale avec surtout l’histoire fascinante d’une cabane qui fut le lieu d’aventures dont je ne manquerai pas de vous parler plus tard.
Je tiens à préciser un point pour la bonne compréhension de la suite des évènements : Je ne suis pas “d’ici” comme disent les Bretons qui eux sont de ”là“.
Je suis en effet installée à Carnac depuis maintenant 17 ans mais à l’époque des faits seulement depuis 4-5 ans et vous comprendrez aisément que des lieux comme Plougoumelen, Riantec, Branderion me faisaient l’impression de villes exotiques forcément très éloignées.
Nous partons en voiture en vue de visiter le site avec ma bande d’ingénieurs tous prêts à en découdre avec la nature qui ne manque pas de pousser là où ça les arrange le moins et moi avec ma fiévreuse envie de sauver dame nature et cette maudite cabane qui déjà m’obsède.
Très étonnée d’arriver si vite sur les lieux, je simule un naturel patenté et sors de la voiture.
En attendant d’entamer notre visite et au détour d’une conversation je ne manque pas de déborder de détails sur cette trouvaille et piaille littéralement à l’évocation de découvrir ce lieu. Je commence tranquillement à évoquer l’idée de rester respectueux de l’histoire du site et de prendre très au sérieux et en considération cette découverte de taille.
Ni une ni deux le plus comique de tous me dit (je rappelle qu’il s’agit d’ingénieurs tout de même, désolée pour sieurs Babule, Bernard et les autres mais quand même ils ont un fonctionnement intellectuel bien à eux, Agnès ne me contredira pas):
« Tu te prends pour Marie Ingalls avec ton histoire de Cabane. On est au 21ème siècle, il faut avancer !»
Du tac au tac je lui réponds : « Je ne suis juste pas aveugle moi ! »
Là, il faut avoir vu cette série jusqu’à découvrir que cette pauvre Marie est devenue aveugle pour comprendre ma superbe réplique.
Le néant ! Ils me regardent tous d’un air de mouette qui aurait trouvé une huître (deuxième allusion habile à Marc et son second métier) et se retournent.
Je sens qu’il va être compliqué ce projet…