« Quiproquo » : Méprise par laquelle une personne, une chose est prise pour une autre. 3

« Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »

Le rond point est là. A gauche, le parking.  Ok j’y suis. La barrière s’ouvre. Heureusement il n’y a presque personne parce qu’avec le tank qu’a acheté mon mari bonjour l’angoisse! En plus avec mon métier,  bilan carbone, c’est un massacre et l’image de la paysagiste qui prône le développement durable j’ai l’air de quoi moi? Parfois je suis obligée de me stationner à 300m de mon rendez-vous et de finir à pied histoire d’avoir l’air à peu près raccord avec ce que je dis. Enfin bref je m’égare… Donc me gare, quitte ma voiture et retrouve mon équipe qui m’attend sagement.

Je m’assoupie telle la princesse aux petits pois et à la barrière de péage je me réveille brusquement.

« Mince j’ai pas de ticket »

Les autres : « quoi! »

« On ne m’a pas donné de ticket au parking »

Les autres: « mais si tu as dû en prendre un machinalement »

Je fouille dans mes poches.

« Non je n’en ai pas. »

 » Tu as dû le laisser dans ta voiture. Arrête de stresser ».

Nous arrivons en réunion. Déjeuner sur le pousse à 12 :00 puis retour en réunion. A 17:00 nous quittons Le mans. Barrière de péage du retour, je recommence :  » quand même c’est bizarre je suis certaine que je n’ai pas eu de ticket pour ma voiture »

Pas réponse,  tout le monde s’en fout.

Bon sympa, bonjour la solidarité.

Je regarde mon téléphone: 9 appels en absence.

Clients, bureau, clients, maison, collaborateurs… ah et mon cousin David.

J’écoute les messages. Mince c’est vrai que je devais le rappeler. Il m’a adressé son projet de scénario qu’il écrit avec Grazzi. La chute est glauque à souhait : une femme qui découvre que le tortionnaire qui l’a violée pendant des années et qui lui a fait deux enfants  n’est autre que son fils qu’elle avait dû abandonner 20 ans auparavant. Non mais c’est carrément pomper sur le film Incendie!!! Ils n’ont vraiment aucune culture cinématographique ces deux là. (fin de l’aparté personnelle, j’ai gagné mon pari).

Mon téléphone sonne : La maison.

« Non les garçons je ne sais pas où sont vos ceintures de judo. Peut être sous la pile de vêtements jetée par terre. Maman travaille. Quand allez vous comprendre que vous ne pouvez pas m’appeler pour tout et n’importe quoi. Maintenant c’est bien simple et écoutez moi attentivement. La seule raison pour laquelle je vous autorise à m’appeler c’est si la maison part en flamme ou si vous croisez la vierge ! C’est clair ??

Nous arrivons à Rennes. Il est 19:00.

Je n’en peux plus. Et dire que j’ai encore une heure et demie de route.

Je quitte la voiture. Je dis au revoir à tout le monde et à très vite.

Je rentre dans mon char d’assaut et là! Voilà j’en étais sûre je n’ai pas de ticket ! Panique à bord. Je cours comme une dératée avec mes talons de 15 cm, mon sac qui pèse une tonne à la main pour crier aux archis de ne pas partir. Je glisse et je m’étale de tout mon long.

Là,  j’aimerai vous dire que je suis tombée avec une élégance folle mais ce serait mentir. Surya Bonaly à côté c’est la classe incarnée.

Les quatre fers en l’air je me retrouve face au panneau que j’aurai dû lire si je n’avais pas été si crevée ce matin : MUNISSEZ- VOUS DE VOTRE TITRE DE TRANSPORT POUR SORTIR.

C’est à ce moment que j’entends Joe Dassin.

Je me dis: j’ai dû me cogner la tête très fort et je suis en train de mourir. On raconte que l’on revoit en une minute le fil de sa vie. Je suis déjà à Joe Dassin moi! Et là la pancarte s’ouvre sur un type, comme un diable sorti de sa boîte,  qui me dit: ca va Madame? Vous n’êtes pas blessée? Je réponds « à part dans mon amour propre vous voulez dire? « .